Dimanche 8 janvier, en Coupe de France face à Toulouse, Yvon Kerriou prendra place sur le banc. 27 ans que le dirigeant, loué pour sa discrétion et connu pour ses petits carnets, accompagne l’équipe fanion de l’USL puis du Lannion football club.
Casquette sur le crâne dégarni, lunettes et collier de barbe blanche. Le septuagénaire qui pénètre notre rédaction en ce matin de janvier est un mordu de ballon. Yvon Kerriou, 74 printemps, est l’un des dirigeants historiques du Lannion football club (LFC). Son club affrontera Toulouse en 32e de finale de la Coupe de France. Une première pour la formation née en 2000 de la fusion du Stade lannionnais et de l’US Lannion.
Kerriou, c’est une licence de foot chaque année. Et ce depuis 1959, nous expliquait-il il y a quelques années. Joueur (USL, Rospez et Trélévern) puis entraîneur et dirigeant. Yvon Kerriou est aujourd’hui affecté à l’équipe fanion du LFC et prend place, chaque week-end ou presque, sur le banc, aux côtés de l’entraîneur, Rémy Le Bourdoulous.
Kerriou, c’est un Lannionnais pur sucre. « J’ai tenu un magasin d’optique, au bord du Léguer », explique l’intéressé, en retraite depuis une quinzaine d’années. « Je suis né ici, je suis marié à une Lannionnaise. Je connais bien le coin », dit-il modestement.
Les petits carnets, Dembelé et Camavinga
Kerriou, c’est l’homme des petits carnets dans lesquels, invariablement, il note compositions, cartons, buts. « C’est dépassé ce que je fais, prévient l’intéressé. Je les garde, ça me rafraîchit la mémoire ». Il sort quelques papiers de sa poche où il a compilé tous les parcours en Coupe. Égrène les noms des vedettes que le club a croisées par le passé : Dembelé, Camavinga…
Vingt-sept ans qu’il prépare des feuilles de match. Elles sont désormais électroniques. Kerriou, c’est aussi la gestion des déplacements, des collations d’avant-match… Son comparse Olivier Legendre occupe le même poste depuis cinq ans. Il est admiratif. « Il m’a tout appris. Dans l’ombre, il fait un travail énorme ».
Dimanche soir, au Roudourou, Yvon Kerriou ne changera rien à ses habitudes. « C’est facile d’être dirigeant en équipe première, tout est très structuré ». Une fois la partie engagée ? « J’attends que ça se passe », dit-il, l’œil malicieux. « On se tait. On n’a pas grand-chose à dire, ça s’apprend aussi. Ne pas incendier l’adversaire, critiquer l’arbitre. Il n’y a que l’entraîneur qui cause. Même si des fois, on aurait bien envie de dire ce qu’on pense ». Lui se contentera de communiquer au délégué du match les changements éventuels.
« Allez sur un banc en décembre, vous allez voir comment il fait chaud ! »
Yvon Kerriou nous montre l’écharpe confectionnée spécialement pour ce 32e de finale. « Je me la suis payée comme tout le monde ». Ce parcours en coupe, « ça fait du bien au club, il y a une effervescence ». C’est aussi la récompense de la qualité de l’effectif.
« À tous les postes, on a des jeunes qui sortent souvent de centres de formation. Qui n’ont pas eu la chance de goûter au professionnalisme. Ils ont de la qualité. C’est une des plus belles équipes qu’on ait eue ».
Combien de temps sera-t-il là ? « Il va falloir s’arrêter à un moment, devenir raisonnable. Le club est structuré, on a des jeunes qui s’y mettent ». Même si l’activité confine parfois au sacerdoce. « Le rôle de dirigeant est ingrat. Parfois plus qu’on ne le pense. On y est depuis la mi-juillet, tous les week-ends (…). Allez sur un banc au mois de décembre, pendant deux heures, vous allez voir comment il fait chaud ! ».
Crédit Texte et Photo : Le Télégramme